Accompagnement en fin de vie

Soigner l’âme est aussi important que traiter la maladie. J’aide les patients à affronter la perspective de la mort avec plus de sérénité et de spiritualité.


J’ai toujours été intrigué par ce qu’il se passait au moment du départ. Ayant perdu mon papa très jeune d’une maladie psychologique, j’observe que la psychologie et la spiritualité se potentialisent. Je propose aux patients, hospitalisés ou en protocole de soin, une prise en charge qui englobe la totalité de l’être, le corps comme l’esprit mais également l’âme – trop souvent mise de côté.

Selon les besoins des personnes, j’ai à cœur de proposer des séances de sophrologie, des massages mais aussi de la méditation, en groupe ou en individuel, et de créer un espace de discussions spirituelles.

Les patients qui sont en fin de vie ont un besoin impérieux de sens et de profondeur. L’idée est d’apaiser ensemble les questions autour de la mort afin de faire diminuer les éventuelles angoisses et peurs. Le sens de la Vie est fondamental pour l’humain, c’est ce qui le tient vivant. Sans cela, il devient rapidement malheureux, perdu et / ou abandonné.

À qui s’adressent ces soins corps et âme ?

Plus précisément aux patients en soins palliatifs, c’est-à-dire qui souffrent d’une maladie incurable. Ils peuvent être en fin de vie mais aussi avoir encore quelques années devant eux. Pour ces derniers, la problématique est de retrouver un sens à leur nouvelle existence avec un corps amputé. Ces soins s’adressent également à leurs proches, pour les aider à reprendre leur respiration, à trouver une juste posture vis-à-vis du malade mais aussi d’eux-mêmes. Ensuite, le personnel hospitalier peut également en observer les bienfaits : quand un soignant va bien, le patient va mieux.

Prendre le temps de faire silence avec comme outil de base la Sophrologie Dynamique et laisser les pensées suivre librement leur cours permet d’être dans l’ici et maintenant et de réaliser une multitude de prises de conscience dans un niveau paradoxal d’éveil (NPE). La qualité de l’instant présent change et prend une nouvelle forme plus profonde, l’état de paix qu’il procure apaise. La sophro relaxation contribue à ouvrir le champ de la conscience de l’individu, à se faire confiance. Mais aussi à arrêter de tout vouloir saisir et régir avec son mental, le plus grand commentateur de notre vie.

Cesser de croire nos pensées et nos jugements permet d’être au plus près des faits et des perceptions. L’état sophrologique agit sur la douleur, cela a maintenant été prouvé scientifiquement à de nombreuses reprises. Ce qui reviendrait à dire que méditer permet d’accueillir différemment cette douleur et de la diminuer, de mieux supporter les traitements (chimio, radiothérapie, chirurgie…). Mais aussi de devenir acteur de sa maladie, au sens où celle-ci va nous aider à ressentir notre corps et à écouter ce qu’il a à nous dire.

Nous avons constaté que ces discussions insufflaient de l’espérance et permettaient ainsi de diminuer le syndrome anxio-dépressif du patient, de faire le lien entre lui et sa famille, de l’aider à parler de la mort et de sa mort. Mais aussi de vivre plus sereinement le moment du dernier souffle, primordial pour la suite. Je suis convaincu que la mort du corps n’est pas celle de l’âme, que la conscience n’est pas sécrétée par le cerveau. Elle est délocalisée. Je pense que nous avons plusieurs vies et que cela forme la « vie » de notre nature d’humain.

C’est pour cela que ce « passage » est si essentiel à mes yeux : comme pour la naissance, il est important de faire ce passage de vie à trépas dans les meilleures conditions et le plus apaisé possible. Mon intention n’est pas de déjouer la mort, mais de la regarder comme un fait – je dois mourir – et non à travers le prisme des représentations mentales que nous pouvons avoir à son propos : l’abîme, le vide, le néant, la séparation… Et si ce passage n’était pas si difficile ?

La vie ne s’arrête jamais, c’est la forme que prend celle-ci qui change.